The Truman Show
Hows it going to end?
Chacun de nous accepte la réalité du monde à laquelle il est confronté?
The Truman Show est
un film assez jouissif à analyser, car il représente une mise en abîme
auto-réflexive parfaite du cinéma et de la télévision. Mais c'est aussi un film
un peu compliqué pour nous, spectateurs, et un pari audacieux pour le cinéaste,
car à tout moment, la suspension de non-croyance qui nous gouverne lorsque nous
voyons un film risque dêtre brisée.
Le film se présente directement à nous comme étant un imposteur, par le
"making of" et le générique du soap opéra qu'est la vie de Truman. Le
réalisateur va assez loin jusqu'à pousser, dans le générique, à ce que les
acteurs n'aient pas leur vrais noms de ville qui apparaissent à l'écran, mais
des noms dun récit-cadre, qui est surtout représenté par l'équipe de tournage
et les spectateurs. Au début, Christof prône le retour à un cinéma authentique,
et est contre les effets spéciaux etc, c'est aussi Peter Weir qui parle, et
qui critique une certaine sorte de cinéma.
Jim Carrey, quant à lui, nous prouve une nouvelle fois qu'il a une aura
particulière, dans un genre -même si le film est qualifié de comédie-
tragicomique.
Ce film dans le film rassemble toutes les conventions de la télénovela sans fin, des acteurs à la façon de filmer; les jumeaux par exemple, ne sont pas sans rappeler nombre de séries dans lesquelles lun des personnages meurt dans de tragiques conditions puis, lacteur étant réengagé dans la série,il joue le role du frère jumeau du premier,... Il y a des décors peints (le "bout du monde", avec la porte de sortie, et le décors de la ville fait penser à celui des petites maisons dans la banlieue américaine de Tim Burton dans Edward aux mains d'argent.).
Le cadrage est spécial; la caméra fait souvent des mouvements brusques, et de nombreux caches ont été utilisés pour imiter le regard des acteurs, un regard à travers une vitre ou autre. il y a des caméras partout! même dans le taille-crayon de Truman. Le seul petit soucis, avec ces caméras, dans l'histoire, c'est que, si Truman veut vraiment s'enfuir, pourquoi il ne casse pas aussi celles qui sont sur son bateau? Même si l'une des images filmée sur celui-ci après la tempête est assez magnifique. Il y a même, à certains moments, une musique très emphatique, et des ralentis. Dès le début, on se demande justement si cette musique est fausse, si les autres personnages l'entendent. Cette musique fait le lien et se trouve constamment entre plusieurs niveaux de narrations, ce qui est une position assez inconfortable pour elle. D'ailleurs le moment où l'on voit le compositeur Philip Glass est assez bien trouvé, et ce qui est ironique, c'est que ce n'est même pas lui qui a composé la musique du film!
Tout est contrôlé par la production, dans le récit-cadre, même le temps qu'il fait (quand il ne pleut que sur Jim Carrey, ou quand Christof dit: "envoyez le soleil!").
C'est assez choquant, comme de
voir que même les moments, les rapports entre les personnages les plus
dramatiques et cruciaux, par exemple le moment où Marlon avoue son amitié inconditionnelle
à Truman; C'est justement ce moment-là que Weir choisit pour montrer Christof, sorte de narrateur omniscient,
qui dicte les répliques à son acteur. En tant que spectateur, on peut se sentir
mal, car cela brise tout à fait notre identification à la diégèse, et risque de
nous sortir brutalement du film, mais heureusement renforce notre empathie pour
truman. Les "pauses pub" de la femme de Truman sont aussi des risques
d'intrusions de choses extra-dégétique. Mais Peter Weir est donc assez habile
pour éviter ces écueils.
La critque de notre position de voyeurisme est assez sévère, ainsi que celle
des spectateurs, qui, même s'ils sont accros depuis trente ans à cette série,
sont pour que Truman s'enfuie, et peuvent zapper comme ça (cf le: "il y a
bien quelque chose sur une autre chaîne?"), sans oublier de la société de
consommation, à travers les pubs, et le pub (envahissement de la télé, une
fausse vie, dans notre vraie réalité, avec les paris notamment). Et peut-être
que ce que nous souhaitons, en tant que spectateur, sans s'en rendre compte,
c'est la fin d'une histoire, afin que notre liberté nous soit rendue.
C'est aussi une critique de la télé-réalité, qui n'a pas encore connu ses heures de gloire, et peut-être d'une sorte de Big brother qui contrôle tous nos faits et gestes.
Le film joue constamment sur
le vrai et le faux, Truman est vrai, alors que tous les autres sont faux par
exemple,
De plus, le rapport entre Christof et Truman est particulier. C'est une sorte
de relation Créateur/créature, tel un Frankenstein moderne. Mais plus,
que ça, c'est une relation père/fils Il remplace le père en quelque sorte,
qu'il fait mourir assez vite dans la série. Même si Truman ne le voit pas, leur
relation est bien plus approfondie que celle entre Truman et son père. qui se
développe. On le voit dans la magnifique séquence, vers 1h de film, où Christof
sent qu'il perd son fils, et caresse l'image verte de Truman endormi.
Ce récit enchâssé est une sorte de boucle atemporelle. Le monde échappe-t-il à
Truman? non, lui finira par échapper au monde.
Qui aimerait avoir une porte de sortie dans sa vie? Faut.il vivre dans sa
bulle? le film, et Christof, nous prouve que la vie n'est qu'une vaste blague,
mais quil faut la vivre comme on le choisit: que nous choisissons notre vie,
et que ce nest pas elle qui nous choisit.
Le monde entier nous regarde, nous nallons pas le faire mourir en direct?- Il est bien né en direct